[Le Coffre à Vinyles] Doug Kershaw

C'est le retour du Coffre à Vinyles avec le cousin du célèbre de chanteur country louisiannais Sammy Kershaw, Doug Kershaw. Il nait en 1936 au Sud-Ouest de la Louisianne. Des deux, c'est peut-être d'ailleurs celui qui est le profondément ancré dans cet Etat. Définitivement Cajun, il parle d’ailleurs uniquement ce dérivé du français jusqu’à ses huit ans, âge où il commence à apprendre l’anglais. Plus rapide avec la musique, il est à la même période de sa vie d’ors et déjà un petit prodige du violon et il continuera tout au long de son parcours à être curieux des instruments en poussant son apprentissage jusqu'à la maîtrise de 28 instruments !

Mais c'est avant tout pour le violon qu'on le connait. Elevé avec la musique Cajun, il part naturellement vers celle-ci. À ses débuts Doug se lance avec ses frères : Rusty et Nelson (dit PeeWee). Ils forment en 1948 le groupe The Continental Playboys. PeeWee quitte la formation au débuts des années 1950 et restent alors Rusty & Doug, un nouveau et puissant duo.

Rusty et Doug Kershaw

Leur renommée s'accroit rapidement et ils finissent par jouer pour la radio de Shreveport. Les deux frères chantent en français cajun mais le producteur J.D. Miller de chez Feature Records finit par les persuader de passer à l'anglais afin de leur ouvrir un marché plus large.

Après une pause dans sa carrière pour cause de service militaire, Doug revient avec une chanson phare écrite avec son frère : "Louisiana Man". En plus de devenir un gros succès commercial, le titre s'inscrit au panthéon des standards cajuns. Cela lui ouvre alors les portes d'une carrière solo qui démarre sous les meilleurs auspices avec un nouveau hit : "Diggy Liggy Lo". Les années 1960 sont fastes pour lui qui assoit également sa renommée de musicien en jouant avec tout le beau monde de la scène Country et Folk de l'époque. Il ne s'agit là que du début d'une belle carrière qui durera encore vingt ans.

Mais après cette rapide présentation de Doug Kershaw, arrêtons nous sur son dernier disque sorti en 1989 par BMG et Voodoo Records. Un album qui, outre le fait qu’il soit le sujet de ce coffre à vinyles, fait la synthèse parfaite de son style, une country définitivement cajun avec en prime ce son eighties qui ravit nos oreilles d'amateurs de son vintage. Mais plus que cela, ce disque est une preuve du poids que Doug a eu dans la famille de la musique américaine et du respect qu’il y a gagné. Ainsi ce sont deux légendes qui se trouvent sur ce Hot Diggidy Doug : Hank Williams Jr sur "Cajun Baby" et Fats Domino sur "Toot Toot". Des morceaux qui semblent par ailleurs respirer la joie de la réunion et qui devient très communicative à l’écoute. Mais les anciens compagnons de routes ne sont pas non plus oubliés puisque se cache parmi les guitaristes Rusty Kershaw toujours près de son frêre en soutien familial actif.

L’album ne reprend qu’un seul de ses grands succès avec “Louisiana Man” mais s’offre de jolies ballades comme “Louisiana” qui donne d’avantage dans le véritable titre de Country des eighties, très orchestré avec piano, pedal-steel et choeurs, que dans le style purement cajun. Mais cela a tout de même son petit effet. On préfera néanmoins le côté plus rustique voire traditionnel avec des morçeaux comme "Jambalaya", reprise de Hank Williams, on ne peut plus dans la veine du bal du samedi soir. Dansant à souhait on y profite également de la virtuosité de Doug sur son instrument fétiche. D’ailleurs en la matière, pour celui qui voudrait un titre original et qui mèle à la fois le sang de la Louisiane et la Country, on trouve un très bon mixe des deux avec “Calling Baton Rouge” qui garde son côté diablement dansant tout en flirtant avec la couleur Country de l’époque. On peu également y remarquer les retours du cajun dans la prononciation de certains mots qui finissent de nous assurer de l’anthenticité de Doug Kershaw dans ce registre.

Un album des plus sympatiques et une fin de carrière honorable mais qui n'est finalement qu'un prétexte pour vous faire découvir la musique de cet excellent artiste, mais trop vite effacé, qu'est Doug Kershaw.