Parmi tous les albums dont on parle dans The American Show, il en est qui
sont tout à fait incontournables. Et bien évidemment, c’est forcément le cas
lorsqu’il s’agit d’un nouvel album d’un gigantesque songwriter comme Guy Clark.
Il n’a pas son pareil dans la maîtrise de l’art de raconter les histoires
avec cette rare poésie empreinte d’une sensibilité touchante. Lui qui fut
également en grand ami de Townes Van Zandt, autre plume célèbre du folk
américain, affiche à 71 ans une très belle carrière. Un parcours qui a marqué
et influencé de nombreux artistes après lui. On peut regretter que la
discrétion et la réserve de ce géant fassent que pour une partie du grand
public il ne soit pas reconnu à la hauteur qu’il mérite. Pour autant la sphère
professionnelle ne s’y trompe pas et l’a déjà récompensé à de multiples
reprises pour son travail.
Car Monsieur Guy Clark c’est avant tout une certaine écriture qui pendant
longtemps l’a laissé dans l’ombre à signer les textes de succès de George
Strait, Vince Gill, Ricky Skaggs voire même Johnny Cash. C’est d’ailleurs avec
une reprise d’une de ses chansons personnelles que le supergroupe The
Highwaymen (constitué de Willie Nelson, Johnny Cash, Waylon Jennings et Kris
Kristofferson) connaîtra son premier hit : « Desperados Waiting For A
Train ».
Mais venons-en au fait. C’est du neuvième album de ce monsieur dont il est
question ici. Un album intitulé My Favorite Picture Of You qui,
de part son morceau-titre, s’adresse à Suzanna Clark, sa femme pendant 40,
disparue en 2012. C’était après avoir quitté son Texas natal que Guy était
parti s’installer en Californie à San Francisco à la fin des années 1960 pour
finalement rencontrer là-bas sa future épouse en 1972 et partir s’installer tous deux à
Nashville.
Guy & Susanna Clark |
Cet album est donc le reflet d’une vie, d’un regard sage parfois désabusé.
Mais c’est surtout un regard sur la vie et les gens qui la font. Un disque
éminemment humain. C’est l’exemple parfait de la « simple évidence »
du Folk qui fait que, instantanément, cette musique nous happe et nous fait
chavirer sans raison vraiment analysable, juste une certaine magie artistique.
Ecouter Guy Clark c’est un peu comme se retrouver dans une discussion
tardive avec un ami ou bien un soir près du feu à écouter les histoires d’une
autre vie. À la fois réconfortant et mélancolique, on s’oublie à l’écoute de ce
CD. On ferme les yeux, apaisé, bercé par la magie des mots et des mélodies. Hormis
le morceau que nous avons évoqué, on peut également retenir un poignant portrait
d’un vétéran de guerre avec « Heroes » et un joli clin d’œil à la
musique d’origine hispanique qui a été la base de sa culture musicale dans « El
Coyote ». Mais toutes les pistes méritent d’une manière ou d’une autre qu’on
s’y arrête. Un album à écouter et à se procurer absolument.